Historique

Appel à documents et témoignages

Le Théâtre Municipal Berthelot Jean-Guerrin (anciennement Salle ou Studio Berthelot) hérite d’une histoire singulière qui n’a pas encore été complètement révélée, nous sommes à la recherche de documents, témoignages et de photographies de ce lieu avant les années 80 notamment.

Merci de  nous contacter si vous possédez de telles archives : patrice.caillet@montreuil.fr

Le Théâtre Municipal Berthelot Jean-Guerrin est une structure atypique. Il a été créé dans une école bâtie à la fin du 19ème siècle, dont il a emprunté le nom (Marcellin Berthelot, 1827 – 1907, était un chimiste, essayiste, historien des sciences et homme politique). Cet espace faisait fonction de salle publique pour les rencontres, les spectacles et le cinéma.

Un producteur nommé Méliès

Georges Méliès, dont les studios sont à proximité (actuelle salle « Parole Errante »), y donna plusieurs représentations théâtrales . En 1914, Méliès est ruiné. De 1917 à 1923 il produit, pour sortir de l’impasse financière, des opérettes ou des opéras-comiques. Les recettes ne suffiront pas à éponger les dettes envers la société Pathé. Méliès sera obligé de vendre sa propriété de Montreuil en 1923.

Le programme du 1er avril 1923 de la Salle des fêtes de la rue Marcelin Berthelot, annonce : Les Cloches de Corneville, opérette en trois actes et quatre tableaux de Cairville et Gabet, avec Géo Méliès (son pseudonyme), Géo André, Fix, Joe Freddy, Dairou, Lavoine, Allassey, Régine …). Cette même année, il détruira « tout le travail de sa vie , Toutes les caisses contenant les films furent vendues à des marchands forains et disparurent. Méliès lui-même, dans un moment de colère, brûla son stock de Montreuil » raconte Madeleine Malthête-Méliès, sa petite fille.

Transformation en théâtre

Le configuration actuelle du théâtre revient à Jean Guerrin (créateur du TEM – Théâtre école de Montreuil) qui le transforma en véritable salle de spectacle en 1979 (cf : « Histoire du théâtre dessinée » d’André Degaine – Editions Nizet – page 241).

Jean Guerrin (1934 – 2012) : Comédien, metteur en scène, directeur de théâtre, formateur et écrivain, cofondateur, avec Jean-Marie Binoche, en 1964, du théâtre-école de Montreuil (TEM) qu’il dirige jusqu’en 1999 ainsi que créateur du théâtre Berthelot.

Jean Guerrin à permis de sensibiliser au théâtre des milliers d’habitants de la ville. « J’ai toujours voulu conserver un lien entre le théâtre et la vie des gens de la cité« , répétait Jean Guerrin, Montreuillois au cœur très à gauche. Le TEM était un lieu de formation et de création. Ouvert à tous, pendant 35 ans, 165 spectacles ont été créés et présentés à Montreuil, mais aussi dans toute la France, en Angleterre, Allemagne, Tchécoslovaquie, Belgique, Italie…

En 1980, il était invité au festival d’Avignon « IN » avec deux spectacles : « Henry VI » de William Shakespeare et « La noce chez les petits bourgeois » de Bertolt Brecht, avec une « équipe » de plus de 75 jeunes acteurs et techniciens. Il « fait descendre le roman de son étagère », précise Daniel Pennac à l’occasion de l’adaptation théâtrale de « Monsieur Malaussène ». Deux autres spectacles disent sa conception d’un théâtre pour tous. En 1966, pour « Mille Millions de sauvages et l’Exagone », sur le racisme quotidien, il fait intervenir cent habitants de la cité. En 1982, il met en scène « La Vie mode d’emploi », de Georges Perec, dans un immeuble promis à la démolition, sur la place de Croix-de-Chavaux. Dans chaque appartement, des comédiens jouaient le texte de Perec et les spectateurs voyageaient de l’un à l’autre.

Plus récemment, toujours dans le but de rendre l’histoire de Montreuil à ses habitants, il mène un travail sur le passé des quartiers avec « Montreuil aux pêches ». En 2011, Jean Guerrin revient au théâtre Berthelot avec Robert Marcy, pour deux lectures, « Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu » de Maurice Joly (extraits) et « Le cas Furtwangler, A tort ou à raison » de Ronald Hartwood.

Hommage de la ville de Montreuil

Le Samedi 21 septembre 2019 la ville de Montreuil et les amis du TEM ( théâtre école de Montreuil ) rendent hommage à Jean Guerrin,  le théâtre Berthelot sera rebaptisé « TMB-Jean Guerrin », du nom de son fondateur.

 

Jean Guerrin, une vie dédiée au théâtre pour tous

Le metteur en scène, acteur, formateur et directeur de théâtre, Jean Guerrin, est mort le 11 avril, à l’hôpital de Bondy (Seine-Saint-Denis). Il avait 77 ans. Né au Raincy (Seine-Saint-Denis) en 1934, il fait ses classes de comédien à Paris, à l’Ecole Charles Dullin puis au TNP de Jean Vilar, avant de travailler avec Bernard Sobel au Théâtre de Saint-Denis, au début des années 1960.

La vie théâtrale de Jean Guerrin est liée à celle du Théâtre école de Montreuil (TEM), en Seine-Saint-Denis, une structure municipale qu’il fonde en 1964 avec Jean-Marie Binoche, et qu’il dirige pendant trente cinq ans. Le TEM, centre bouillonnant de la culture à Montreuil, qui a permis de sensibiliser au théâtre des milliers d’habitants de la ville, était un lieu de formation et de création, ouvert à tous, notamment aux scolaires et aux jeunes. « J’ai toujours voulu conserver un lien entre le théâtre et la vie des gens de la cité », répétait Jean Guerrin, Montreuillois au cœur très à gauche, qui préférait rassembler que diviser.

Deux spectacles disent sa conception d’un théâtre pour tous, dans sa ville de Montreuil. En 1966, pour Mille Millions de sauvages, sur le racisme quotidien, il fait intervenir cent habitants de la cité. En 1982, il met en scène La Vie mode d’emploi, de Georges Perec (l’écrivain s’implique dans le projet) dans un immeuble promis à la démolition, sur la place de Croix-de-Chavaux. « Dans chaque pièce, chaque appartement, des comédiens jouaient le texte de Perec et les spectateurs voyageaient de l’un à l’autre. » Plus tard, toujours dans le but de « rendre » l’histoire de Montreuil à ses habitants, il mène un travail sur le passé des quartiers.

160 spectacles, dont certains ont voyagé en France et à l’étranger, ont été conçus dans la salle du TEM, construite en 1979 dans une ancienne école (aujourd’hui théâtre Berthelot). La liste est longue des acteurs, auteurs et metteurs en scène qui se sont exprimés ici. Christian Schiaretti, aujourd’hui directeur du TNP à Villeurbanne, y fait ses « premiers pas » avec deux mises en scène, en 1980. « La noblesse du TEM est d’avoir été à la fois un lieu militant de formation et un lieu où s’inventaient des initiatives scéniques. J’ai beaucoup de respect pour cette réalité-là », dit Christian Schiaretti. Citons encore, outre Perec, les auteurs Jean Tardieu, Fernando Arrabal, Guy Foissy, Yanis Ritsos, José Valverde ou Victor Haïm.
D’une longue amitié avec l’écrivain Daniel Pennac est née l’adaptation au théâtre de Monsieur Malaussène, que Jean Guerrin interprète au TEP en 1996, puis au « off » d’Avignon en 1997, et dont le succès se vérifiera dans plusieurs villes du monde. « Jean a fait descendre le roman de son étagère », a dit Daniel Pennac.

Outre Shakespeare et Brecht, deux auteurs qu’il adapte, en 1980, pour le « in » d’Avignon, Thomas Bernhard est l’auteur que Jean Guerrin a beaucoup défendu : il est seul en scène, en 1995, dans Faiseur de théâtre, et il collabore à l’ouvrage collectif Thomas Bernhard (Minerve, 2002). Il est également l’auteur de nouvelles et d’un roman, Rendez-vous au prochain iceberg (Folies d’Encre, 2002).

Brigitte Salino – Le Monde

Comment venir et réserver ?

6, rue Marcellin-Berthelot
93 100 Montreuil
M° Croix de Chavaux

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